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La Malle de Suzanne
28 août 2012

Critique Hamlet

Hamlet, pièce de William Shakespeare, adaptation Igor Mendjisky et Romain Cottard.

 

Mise en scène : Igor Mendjisky.

 

Avec la compagnie Les sans cou.

Avec Clément Aubert (laertes, guildenstern, un comédien), James Champel (horatio, un comédien), Romain Cottard (hamlet), Fanny Deblock (ophélie), Yves Jégo (claudius, le spectre), Imer Kutlovci (rosencrantz, un comédien, le fossoyeur), Dominique Massat (gertrude), arnaud pfeiffer (polonius,le prêtre, osric).

 

Costumes May Katrem

Lumières Thibault Joulié

Musique, sons Hadrien Bongue


 

Au théâtre Mouffetard, 73 rue Mouffetard, 75005 Paris

 

Du 20 janvier au 19 mars 2011

 

Du mercredi au samedi à 20h30, dimanche à 15h

Représentations supplémentaires

les mardis 8 février et 15 mars à 18h

 

Tarifs : 24 euros plein tarif 16 euro tarif réduit

 

Réécrire Shakespeare ? Voilà un pari pour le moins audacieux, voire présomptueux ! Cela dit, la réécriture est plutôt réussie et nous fait savourer les passages les plus marquants, en les conservant, tout en en allégeant d’autres. N’hésitant pas à faire des jeux de mots grivois, finalement assez respectueux de l’esprit du texte original.

 

Le décor est réduit, quelques chaises, un fauteuil. Au fond de la scène, un simple mur sombre sur lequel le héros écrira « To be or not to be » pendant le célèbre monologue, comme pour marquer en arrière fond, le dilemme existentiel auquel le jeune homme est confronté.

Mise en évidence que l’enjeu majeur de la pièce est là. Ecriture gigantesque et injonction invisible pour l’entourage d’Hamlet, qui ne pourra néanmoins pas, ne pas tomber sous son joug.

 

La tentative de donner un ton moderne à la pièce de Shakespeare part d’une bonne intention et est servi par quelques idées originales, comme ce tag révolté du jeune Hamlet. Cela dit, cette volonté de modernisme tombe parfois dans l’anachronisme. Le choix des musiques est parfois maladroit et passe mal. Certains mouvements d’acteurs en groupe sur ces musiques contemporaines (notamment Marilyn Manson) paraissent dénués de sens ou d’esthétique assumée.

 

Le présence des acteurs sur scène tout au long de la pièce, comme autant de spectres, est un parti pris intéressant mais qui devrait être d’avantage poussé, pour créer un effet efficace.

Le rythme soutenu de la pièce évite le spectacle de tomber dans l’écueil du dramatisme incongru. Néanmoins, on aimerait parfois souffler pour avoir le temps d’être touché. La mise en scène semble avoir voulu éviter de donner au texte sa place poétique, pour gagner en efficacité. Parti pris qui laissera peut-être les amateurs d’images sur leur faim.

 

Si certains moments sont plus convaincants, le jeu des acteurs laisse parfois à désirer. On regrette que le décalage entre l’âge réel des comédiens et celui des personnages soit aussi grand. Cela empêche leurs jeux d’être réellement convaincant et donne un côté amateur au spectacle. Romain Cottard a, par ailleurs, tout à fait le physique du rôle. Claudius en rockeur sur le retour, sera un peu trop parodique au goût de certains.

 

En dépit de la palette d’émotion que le texte de Shakespeare offre aux interprètes, on regrette que le jeu d’Hamlet évolue aussi peu pendant la pièce. Sa colère contenue ne le dévore pas assez. L’ambiguïté de sa folie jouée et qui le prend peu à peu, pourrait être d’avantage exploitée. Ici, on est face à un Hamlet dont les émotions semblent manquer de ressenti, de tiraillement et de profondeur. Malgré tout, le plaisir des acteurs sur scène est perceptible, l’enthousiasme de leur jeu ne semble avoir besoin que de temps pour devenir excelllent. Cela dit, certaines prestations et certains passages, notamment la scène du fossoyeur, par le choix assumé de l’humour noir, sont déjà tout à fait réussis.

 

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